Rossignolet

Rossignolet, retourne dans ta forêt,

Je suis fatigué de t'entendre chanter,

J'ai besoin de dormir,

J'ai besoin de mourir,

Comme tous les hommes,

Je dois partir rejoindre

Les miens qui sont en terre.


Rossignolet, retourne dans la forêt,

Laisse-moi dormir,

Laisse-moi mourir,

Je suis fatigué de vivre,

Et comme tous ceux qui vivent,

Je suis arrivé là où la terre

Sur moi doit se refermer.

Au menu chez les Rosicruciens dépravés

Adalmine Vermot vient de nous cuisiner ses fameux beignets de coton hydrophile au gingembre. C'était fameux. Puis Marcel Tricolor s'est mis à l'épinette et nous a interprété les Airs à faire fuir, de l'Homme en fonte. C'était rudement bath. 

J'ai ensuite entonné ma Grande Suite Lyrique en ut dièse pour flageolet mal cuit et Luna s'est mise à hurler à l'amour. C'était chouette.

Demain, si tout va bien, nous béniront les spaghetti qui trempent depuis six semaines dans une histoire louche. Nous irons à Arcueil, puis en Patagonie. Ce sera épatant !

Au Pénal !

Ah, les procès, Faconde, les procès…

Quelle joie, quels bonheurs

En perspective !

Avocats, juges, témoins, greffiers,

Policiers, indics, corbeaux, jurés,

Procureurs hilares, la cour ébouriffée,

Public en transe, les têtes

Qui roulent, qui tombent,

Le sang dans les rues, dans les banques,

Au trot, au galop, comédie tragique,

Comptes-rendus, plaidoiries,

Parjures, coups bas, subornation,

Élimination, intimidation,

Pensions, tensions, explosions,

Coups de théâtre, balances,

Manches, appels, cassation,

Effets, déclarations, serments,

Stupeur, suspension, condamnation.


On ne va pas s'ennuyer

Dans la sciure !

Rien que d'y penser,

Je bande.

Partage des tâches

Johnson Johnson s'est amusé

À parler avec des strip-teaseuses

Dans une langue qui n'existe pas.


— Et qui c'est qu'est allé faire les courses à Super-U ?

Romance

Ce matin un kamikaze est entré dans la cuisine il m'a demandé un bol de café je lui ai servi avec des tartines au miel son bol de café il s'est assis nous avons parlé un peu du temps qu'il fait et aussi de nos projets de vie respectifs puis il est parti j'ai lavé son bol rangé la cuisine et je suis allée me doucher en chantant une vieille romance française c'est à ce moment-là que j'ai pensé à mon chien dans la terre et j'ai pensé il doit avoir bien froid le pauvre je ne chanterai plus de vieille romance française il fait trop chaud.

On ferme !


Qu'il ne reste rien !

Tout doit disparaître !

Jetez tout !

Brûlez tout !

Cassez tout !

Ne faiblissez pas !

Ne vous apitoyez pas !

Ne vous endormez pas !

Ne regardez pas en arrière !

Brûlez-vous, vous aussi !

Ne vous inquiétez pas de votre sort !

Je m'occuperai de tout,

Quand je serai enfin seul.

Puis

Avec toutes ces cendres,

Je me ferai un lit confortable,

Sur lequel je m'allongerai,

Et je raconterai votre

Histoire aux bêtes.

Sublime

Il voulait dire quelque

Chose de définitif

Mais il fallait aller

Vider la poubelle.


La vie s'y entendait pour

L'empêcher d'être sublime !

Torse

Mon bel Azor, ton torse est à l'envers !


(Et le vide de l'aiguillon

Dont l'âcre moment

Du visage

Me parle en éclaboussant

Le livre ouvert…)


Au cap, tout droit, c'est un

Vice qui disparaît,

Gifle agile en revers.

Toi !

Toi !

Ce Mal emporté au désert,

Cette rose déchirée,

Ce muscle increvable,

Ce vertige muet…


Veux-tu fermer la porte en sortant ?

Michèle

Michèle, assise, devant sa petite table,

Sa bouche bien rouge

Comme une idée trompée

Par le sang des autres.

Amant et boule de neige

Amant et boule de neige

Comme cochons en pâte…

C'est la rue qui parle,

Mieux que la police !

Pensée

Pensée dans le sachet

Qu'il trempe dans

L'eau chaude

Cachet tiède et penché

Et les malheurs de Sophie


— Qu'en faire ?

Au piano

La plaie, entrevue,

Sous le coton, au piano…


Le Temple est fermé pour cause de réparations.

Dialogue poétique

Habiter l'éclair

Comme Zip habite

mon pantalon ?


— Faconde, tu es le serpent

Du soleil fuyant

La Terre.


— Arrête ton char,

Johnson Johnson,

Tu m'assommes l'arrosoir !


— Faconde, tu n'es

Qu'une vieille bique néfaste

Puant le sarcasme pourri.


— Pauvre Biquet

Qui sent le poireau frais

Dans son bidet…


— Je t'ai déjà tuée

Tant de fois… Allons-y,

Ce sera vite fait.


— Attends un peu,

Je viens de mettre

Le pot-au-feu à cuire.