Assis à sa table d'écolier,
Il répète : « Palimpseste, palimpseste… »
Tout en frottant le bois taché d'encre.
(Dans son esprit,
De pâles images d'inceste
Luttent faiblement avec
La lueur pâle de
La sueur morale.)
Frotte plus dur, Kagi,
Découvre-toi devant la Maîtresse !
Là-dessous
Kagi se tape le front :
« Il y a de la frontière, là ! »
Terreur sacrée et salmigondis de couleurs.
« Plongée à dix mètres, Commandant ! »
Oui, je sais, nous allons tous mourir.
« Il y a de la frontière, là ! »
Terreur sacrée et salmigondis de couleurs.
« Plongée à dix mètres, Commandant ! »
Oui, je sais, nous allons tous mourir.
Ici
Il n'écrit pas pour vous !
Il n'écrit pas non plus pour lui-même.
Il n'écrit surtout pas pour écrire.
Il n'écrit même pas pour être lu.
Et d'ailleurs il n'écrit pas.
Il aurait pu écrire.
Il aurait pu composer.
Il aurait pu peindre.
Il aurait pu travailler,
Mais il ne travaille pas, jamais !
Il aurait voulu travailler,
Il aurait voulu avoir des idées,
De l'inspiration, des angoisses,
Des trous de mémoire,
Des passages à vide.
Il aurait voulu pouvoir dire
Qu'il était pressé par la hâte
De terminer son travail,
Qu'il ne voulait pas mourir
Avant d'en avoir fini.
Il aurait aimé compter les pages,
Compter les signes, les mesures,
Estimer la durée d'une transition,
Insérer des points d'orgue et des tirets,
Hésiter sur un adjectif,
Il aurait voulu avoir des remords,
Se réveiller en pleine nuit et
Courir à sa table de travail,
Renverser l'encrier, jurer,
Marcher sur la queue du chien,
Brûler des manuscrits,
Débrancher le téléphone,
Avoir des idées de suicide.
Il aurait adoré jouer au piano
Ses premières esquisses
Et alors se mettre à pleurer
Comme un enfant abandonné.
Il aurait juré qu'il avait encore hier
De la peinture plein les doigts
Et même dans ses cheveux.
Il a cru voir des pinceaux, des tubes,
Des crayons, des châssis,
Des gommes, des règles,
Il croit sentir l'odeur de l'essence,
Et celle du vernis, et même
Celle du papier mouillé.
Il croit avoir vécu,
Il croit vivre,
Il croit rêver la nuit,
Il croit avoir été jeune autrefois,
Il croit avoir perdu du temps,
Il croit avoir cru,
Il croit voler, savoir voler,
Et il sait qu'il sait rêver,
Oui, il sait rêver,
Comme personne,
Et dans son rêve, il rêve
Qu'il rêve d'un rêve
Dans lequel il n'écrit pas,
Il ne compose pas,
Il ne peint pas,
Il ne travaille pas,
Mais il dort,
Il dort pour pouvoir rêver
Qu'il rêve en rêvant
De n'avoir jamais travaillé,
Ni peint, ni composé.
Et alors, au lieu de se réveiller,
Pour passer de ce rêve-ci
Dans celui-là, il choisit
D'écrire qu'il meurt
Pour mourir enfin,
Vraiment, ici et là,
Maintenant vraiment,
Sans regret ni espoir
Ni désir ni appréhension.
Il n'écrit pas non plus pour lui-même.
Il n'écrit surtout pas pour écrire.
Il n'écrit même pas pour être lu.
Et d'ailleurs il n'écrit pas.
Il aurait pu écrire.
Il aurait pu composer.
Il aurait pu peindre.
Il aurait pu travailler,
Mais il ne travaille pas, jamais !
Il aurait voulu travailler,
Il aurait voulu avoir des idées,
De l'inspiration, des angoisses,
Des trous de mémoire,
Des passages à vide.
Il aurait voulu pouvoir dire
Qu'il était pressé par la hâte
De terminer son travail,
Qu'il ne voulait pas mourir
Avant d'en avoir fini.
Il aurait aimé compter les pages,
Compter les signes, les mesures,
Estimer la durée d'une transition,
Insérer des points d'orgue et des tirets,
Hésiter sur un adjectif,
Il aurait voulu avoir des remords,
Se réveiller en pleine nuit et
Courir à sa table de travail,
Renverser l'encrier, jurer,
Marcher sur la queue du chien,
Brûler des manuscrits,
Débrancher le téléphone,
Avoir des idées de suicide.
Il aurait adoré jouer au piano
Ses premières esquisses
Et alors se mettre à pleurer
Comme un enfant abandonné.
Il aurait juré qu'il avait encore hier
De la peinture plein les doigts
Et même dans ses cheveux.
Il a cru voir des pinceaux, des tubes,
Des crayons, des châssis,
Des gommes, des règles,
Il croit sentir l'odeur de l'essence,
Et celle du vernis, et même
Celle du papier mouillé.
Il croit avoir vécu,
Il croit vivre,
Il croit rêver la nuit,
Il croit avoir été jeune autrefois,
Il croit avoir perdu du temps,
Il croit avoir cru,
Il croit voler, savoir voler,
Et il sait qu'il sait rêver,
Oui, il sait rêver,
Comme personne,
Et dans son rêve, il rêve
Qu'il rêve d'un rêve
Dans lequel il n'écrit pas,
Il ne compose pas,
Il ne peint pas,
Il ne travaille pas,
Mais il dort,
Il dort pour pouvoir rêver
Qu'il rêve en rêvant
De n'avoir jamais travaillé,
Ni peint, ni composé.
Et alors, au lieu de se réveiller,
Pour passer de ce rêve-ci
Dans celui-là, il choisit
D'écrire qu'il meurt
Pour mourir enfin,
Vraiment, ici et là,
Maintenant vraiment,
Sans regret ni espoir
Ni désir ni appréhension.
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