Oh !

Ça n'a jamais pu entrer dans ma tête !

— …

— Ah ah ah !

Calcul dans le soulier

Dix plus un égalent onze.

Impossible ! Je ne le permettrai jamais !

Si c'est ça, je me démets.

Continuez sans moi.

Noël

« J'aimerais aller en prison,

J'aimerais prendre le thé avec Balthus,

J'aimerais dormir une semaine,

J'aimerais mourir demain. »

— Et puis quoi, encore,

Manger un pot-au-feu ?

Kagi & Kagi

Kagi avait encore perdu sa clef !

C'est très agaçant, vraiment.

Elle était pourtant sous son nez !

(En hommage à Junichiro Tanizaki)

Obsédé !

Mon pauvre Johnson Johnson, vous n'avez que deux obsessions !

Vous pouvez faire beaucoup mieux.

L'autre se met illico à écouter De Falla,

Réglant sa montre sur le dernier fuseau horaire à la mode.

La Preuve

Simon Bouchenoire se bouche les oreilles.

Il en a tant et tant entendu,

Il a tant et tant attendu.

— Tu sais, c'est pour toi que je le fais, hein !

Mais je ne devrais pas…

N'oublie pas : c'est la dernière fois.

La dernière.

(La preuve :)

Le Récit

À pieds sur ses syllabes,

Il les foule avec allégresse.


— Quand donc l'adagio, Monseigneur ?

Prophylaxie

Johnson Johnson a deux obsessions :

Le sexe et le roman.

Désormais, il ira au jardin tout nu.

Madrigal

Dans la baignoire, Monteverdi,

Anne-Marie et Michel, dans la 348,

Une tranche de Christstollen et du café…

Je pisse dans mon bain.

Crépuscule de l'idole

Faconde demande à chacun de ses cavaliers :

« Qu'elle est votre interprétation de l'Éternel Retour chez Nietzsche ? »


(Mais pas de plus jolie fille qu'elle au bal…)

Prière en soufflet

Enroulé dans ses draps

Mangeant du rose

À en blémir

Il prie

Sans toutefois bénir

L'enchainement des causes

Qui lui ont ouvert en grand ses bras

Augenblick

Superposons nos mélancolies

Mais rien que le temps

D'une étincelle

Dans tes cheveux profonds

Pantin béni, plain-chant

Le clitoris,

Comme un phare,

Aux portes de l'abyme,

Sacre du tympan,

Sceptre du printemps…

Les cuivres et la percussion !

Coin

Épolamine Diclofénac, au tableau !

Racontez à vos petits camarades. Allez !

« Hier-soir, j'ai écouté les Variations opus 31… »

(…)

— Vous direz à votre grand-frère que je veux le voir.

Au donjon

Norma aime les jeux d'eau

Ramon aime les jeux faux

Un roman s'écrit au donjon

Sous les coups de fouets

D'un Franz Liszt très français

Maman !

Maman, maman, maman !

Sur l'étang, le cygne immobile…

En incrustation, une blonde filamenteuse

Perd le nord, la bouche ouverte.

Elle a perdu aussi les eaux,

Et toute sa lignée.

N'empêche, le cygne blanc

Ne s'y trompe pas,

Et d'un œil torve,

Il cherche la mamelle.

Les longitudes béates

Le Perle à rebours du sexe

Est un trois mâts à perfusion.

Son GPS débagoule !

Quand Olga vit la terre,

Elle demanda l'heure,

Croyant voir Parsifal.

Stoemp

Deborah prépare un stoemp.

Ursin la regarde du coin de l'œil,

Il attend le grand mélange.

Sa pipe est sur le point de s'éteindre…

Nihil obs

Pussynet Brandour est un débusqueur de nihilisme.

Sortez-vous un havane de votre poche revolver

Qu'immédiatement vous êtes démasqué.

« Nihiliste ! »

Ne faites pas mine de vous récrier,

Vous ne feriez que prouver votre culpabilité.

Brad Pitt et son cousin

Faconde Norwest trouve son amant très sexy.

Mais quand il lui demande quels sont

Les hommes célèbres qu'elle trouve sexy,

Elle parle de Woody Allen et de Finkielkraut.

Quotidien

Je me laverais bien, aujourd'hui,

Mais il faudra recommencer demain.

Dès lors, pourquoi ne pas attendre demain ?


Comme demain devient chaque jour aujourd'hui,

Ce problème n'en est pas un.

Ou alors de la pire espèce…

Grande Justice et Utopie

Libération de madame Kiki,

Enfermement de monsieur Caca,

Élargissement de messieurs Cucul

Et La Praline, leur dossier

Étant tellement puant qu'il vaut

Mieux les éloigner du siège.

Pour l'affaire de la bétonneuse birmane

Nous décrétons un non-lieu.

Trois points

Les femmes sont des points et vont par trois.

Je n'essaierai pas de le démontrer,


(Ni maintenant ni jamais.)

L'Apolésie

Dans la crypte, un grand chien chauve,

Qui fixe le mur de l'alcôve.

Houellebecq et Nicole,

Du rouge sur le col,

Qui sirotent un wisky.

Les couples dans leurs nids,

Le nez rouge et les ongles sales,

Sont tous en sandales.

Ça va bientôt commencer,

Le tout c'est de se lancer.

Péripétie

À ses aises, Claudine, à ses aises,

Comme une braise en thèse.

Et la maman de Xénophon,

Là-dessus, pirandellienne crapule,

Qui oublie de mettre son alèse…

Danse baroque

— Et les adverbes, on en fait quoi ?

— Balance, Gérard, c'est tout des conneries.

— OK, Chef, OK, mais je vais vous dire un truc.

— (…)

— Je me suis mis à la danse baroque.

Cérémonie

Les poètes s'allongent, tête-bêche.

Quand les murs ont commencé

À se rapprocher,

Georges a versé l'huile

Et l'on a chanté du Céline Dion.

(Un pope s'est éloigné en courant…)

Tourisme

Dans les Carpates,

On mange des pâtes.

Alors qu'ici,

Je n'ai que des soucis.

Le Maillot

Sur le tag, on avait remis le livre sacré,

Comme si l'endroit et l'envers se rencontraient.

— Madame Caro, j'en ai plein les disques durs,

De vos salades crues !

Tapis de prières

« À vulve égale, le café est moins fort. »

Ça alors, je dois dire que je m'en doutais,

Mais je n'aurais jamais osé le formuler.

La Veuve épilée du cliquet

« Le seul champagne digne de ce nom

Est celui dans lequel flotte un poil de femme. »

(Il aura suffi de peu pour défranciser

Des millions de jeunes Européens.)

Versailles Clapier

Le Roy et son homard,

Dans la chambre à moucher,

Ils se bidonnent grave

En regardant la téloche.

(Sarah Croche et Sarah Pelle

Jouent au bilboquet

Sous le duvet.)

Le ministre a la pétoche

Et se mouche dans ses

Tigres de papier.

Parfum, givre, sueur

Forêts

Toute honte

bue'°° éclats

Buter tout bombre

Jardins

ton'°° bijou

Bouton tue tombre

tout'°° contrepoint

Bagatelle

Toute bonté mombre

hue'°° ailes

Tuber bonté

Sanglotons

En cercle

out'°° sauce

Buée tombe

bout'°° fièvre

Rouge

À la cuillère

Toison

Bruits jetés

Derrière

Boire

Fins

Ronde en croix creuse

Vieille fille aux billes

Carrées et affreuses

Affolant carrousel

Bloc de meulière

Abattant les dernières

Icônes d'un doigt de feu

Manège de concepts

Derrière les persiennes

Un glas chrétien se

Consume sur la page

La fileuse file en ville

On n'espère plus rien

Au coin de la rue Denner

Elle était toujours là

La petite brune

Qui aimait les paras

Elle avait des tics

Et mal à la tête

Souvent presque toujours

Cétamol était sympa

On pouvait la cogner

Sans qu'elle s'énerve

Au coin de la rue Denner

Où la petite brune se tenait

Avec ses tics et son mal de tête

Sous la pluie elle aimait

Les paras et les coups

La voix aiguë et pieds nus

Souvent presque toujours

Elle était là au coin

De la rue Denner

Cétamol était sympa

Et pas chère avec les paras

La petite âme particulière

Brune sans qualités

Née de l'âme première avec

Ses tics et son mal de tête

Naissance des fesses

Ça l'a travaillé toute la matinée

Il prenait son cacao à Macao

Cette histoire de raie

Quand elle a traversé le ciel

Qui a coupé le ciel en deux

La grande raie brillante

Enfin assis enfin l'équilibre

La lumière et l'ombre enfin

L'unité et le nombre enfin

Le fondement et la séparation enfin

Le moelleux et le désir enfin

La femme et l'homme

Dans la vallée et sur les monts

La cuisine au beurre

La chaleur du foyer

Et entre ses bonnes joues rebondies

La plaie joyeuse de la bouche

Enfin

Le Sourire des tropiques

Jean-Guy et Nicole noyés de larmes,

Rentrés en leur joli chalet de chocolat,

De retour des Maldives,

Où de gentils animateurs facétieux

Les ont traités de porcs et de chiens,

Tout ça avec le sourire,

Doivent reprendre le boulot, lundi matin,

Sous la pluie et les crachats de l'Autre.

Ce sont des héros, nos héros modernes ;

Ils recommenceront, car ils sont comme ça,

Rien ne les détourne du Bien,

Rien ne parvient à leur ouvrir les yeux,

Car ils n'ont pas d'yeux, pas d'oreilles,

Mais ils ont un cœur, immense, doux

Comme un fromage blanc battu.

(Et quand l'aube glacée viendra,

Nous regarderons ailleurs.)

L'Autre valait bien une messe !

Reste

Les Roses d'Ispahan et les cigares du Docteur Muller

Les Vèpres de l'Italien et les caprices de la divine

Les seins de la Joconde et les mains de Raphaële

Les glycines de Rumilly et les couloirs de l'hôpital

La raie au beurre noir et les croissants tièdes

Les plages de Grèce et les gares du Midi

Les draps froissés et les pieds sales

Mais surtout l'odeur de ton ventre quand je m'approche de toi.

Situation 1

1.110.21 Qu'est-ce que tu perds ton temps à lire ?

1.117.22 Pourquoi porte-t-elle une minerve ?

1.118.22 Je suis très ironique, vous vous en rendez compte ?

Les branches des arbres, les culottes des filles, les moustaches des chats.

Et Gesualdo dans la pièce à côté…

Chaussettes

En rémoulade, les yeux très écartés,

Elle ne pouvait que s'allonger,

Quand Max lui lisait Leconte.

Ses yeux saignaient, les loups hurlaient,

Et la mer se retirait. Elle gardait ses chaussettes.

Le Cierge et le Pinceau (hymne de banquet)

Machepipe avec Carnegie,

Deux octobasses marinées,

Trempées de désaccords béants

Et de pustulents glissandos,

Dispersaient le cœur sur la touche

Et l'antonomase au talon.

(À la clef, trombones farcis

Et cymbalum aux petits pois.)

Mais alors, Johnson et son luth,

Ruth et son pot de crème fraîche,

Et la louve dans son alto,

Comme des triolets tout juste

Échappés de l'Académie,

Et lardés de tous les piercings

Entreposés au fond du Rhin,

Entonnèrent l'hymne du Cierge

Et du Pinceau, malgré le froid

Qui ramollissait les outils.

Le constat n'était pas fameux

Et donnait envie d'une vive

Coda qui cèlerait la chose

Au creux d'un bénitier jaunâtre

Flottant très mal au fond d'un puits.

Entendant ce désastre cuit,

Mélandor Clarismont ne put

Qu'assommer Androse Vertèbre,

Sur le point de fuguer en rut,

Comme le petit saligaud

Qu'il avait toujours rêvé d'être.

« Cette symphonie est à vous

Désespérer du contrepoint ! »

Martela Charles, hirsute et blême,

Et qui fondait comme bougie

Entre les cuisses de Faconde,

Trop fière pour apercevoir

Le chœur qui allait l'engloutir.

Gilberte, pensive, leva

Sa baguette, comme le gibet

Résumé d'une catastrophe

Ancienne et démesurée,

Et, avant même de lancer

La gigue, mourut d'un point d'orgue

Au cœur de la ronde infinie.


On passa très vite au dessert.

Chanson

Le long de la rue noire

Accalmie sur le con

Je tourne en rond

Sur la raie de ta passoire

Oyohoho ! Oyohoho !

(Hommage à Charles Trenet)

Tout

Albert Duspasme a commencé son livre,

Son grand livre de la bite.

Tout sur la bite,

Par Albert Duspasme.

La préface est de Faconde Norwest.

Il y a même un index.

Coupable

Et dans ce couloir, des portes,

Et dans ces portes, des yeux,

Et dans ces yeux, des larmes.

« Marche droit, camarade ! »

Il aurait bien voulu rire,

Éclater de rire, ou chier sur place,

Mais il continuait d'avancer.

Il suivait la ligne tracée au sol,

Essayait de faire venir à lui

Le visage de sa mère,

Les seins de sa femme,

Les cheveux de sa fille…

Après Guerlain

Kagi ouvre la porte, et un œil.

Il voit le poème, encore chaud,

Et tout palpiptant,

Comme un chancre purulent

Sur une écharpe Lancôme.

Se tait. Et referme la porte,

En un silence parfait.

Guerlain

Elle a soufflé sur le cristal

Et c'est Chérubin nu qui passe,

Comme s'échappant d'une impasse,

Tout déguisé de fins pétales.


Rémoule

Frotte ses seins sur le papier de verre

De la poussière qui en tombe

Elle fait quelques phrases sans coutures

Sans espoir ni intersections

L'Apnée d'Antonin

— Antonin, asseois-toi. Ici, près de moi.

— Oui, d'accord, je m'asseois.

— Maintenant, tu vas cesser de respirer.

— Oui, d'accord, je retiens mon souffle.

(Cet enfant est désespérant.

Quand va-t-il se rebeller ?)

— Dis un mensonge, pour voir.

— (…)

— Enfin ! C'est la première fois que tu désobéis !

Je suis fière de toi, Antonin.

Dommage qu'il ait fallu en arriver là !

Cul par-dessus tête

Au talon elle tire sur l'archet,

Jusqu'à briser l'instrument,

C'est une cavalcade sombre.

Hilary n'a pas ri,

C'est une date !

À l'orgue

Il souffle un vent rauque,

Un vent de seize pieds,

Debout sur lui-même

À la tribune et dans la nef.

Terre ! Terre ! Terre !

Mais non, je continue…

Pourquoi resterais-je parmi vous ?

(En pensant au symphoniste Anton Bruckner)

Love

Martine Cavaillé-Coll et Kevin Mallarmé

Ont dansé quatre heures durant

À la Love Parade.

Sur le chemin de leur studette,

Ils ont été dépités de devoir marcher

Sur des cadavres encore chauds.

(Tous les gorilles ont la diarrhée

Et toutes les girafes sont sourdes.)


Kevin et Martine pensent déjà

À l'année prochaine,

Quand les esprits seront enfin

Vaccinés à la love suprême. 

Gamme

J'avais un chat noir qui jouait

Dans la neige blanche.

Il s'appelait Abdou.

— Pourquoi pas Claude-Achille ?

Prudence Ipé

On l'appelle Ipé,

Elle a perdu sa laisse

Et donne son adresse

Sans même y penser.

Cent onze fois on lui a dit

De ne pas être si hardie.

Mercredi

Dans le fromage, les jolis

Petits vers blancs tout joyeux, c'est mercredi.

Une phrase de violoncelle

Dans mon vermicelle,

Et tout est dit.

Sommeil léger

Reynaldo et Hilary,

Quand donc cesserez-vous

De chanter sous ses fenêtres ?

Elle voudrait dormir un peu.

Galop

Encore ce cheval qui piaffe sous mes fenêtres !

Et toujours pendant les pianissimos,

C'est à se demander s'il sait composer !

À la maison

Gianni Schicchi est arrivé.

Marguerite avale ses roses,

Précipitamment.

Ouvrons les fenêtres !

Rhétorique

Scarbo est un rebelle :

Quand Jeanne se déshabille,

Il téléphone, par exemple.

Il appelle l'Horloge parlante.

Le Veilleur

Toutes les nuits, Johnson Johnson

Veille sur un triste vieillard,

Celui qui a assassiné

John Kennedy à Dallas,

Et qui reste assis dans un fauteuil

À écouter sans cesse le Gibet de Ravel.

(Il a bien fallu trouver un emploi !)

Puis, le jour venu, il rentre chez lui,

Se couche, après avoir téléphoné à Faconde,

Et commence enfin à vivre.

Leçon

Écoute bien, et réfléchis :

C'est le concept Lydien qui veut ça.

So What ?

Ajoute un peu de basilic

Et arrête de pleurer !

Chorus

La petite brune, on lui jouerait bien

Un air de trompette,

Derrière les monticules,

Encerclés par les océans.

Elle lit Castoriadis,

Je pense à Marilyn.

De retour après l'Histoire

Robespierre et Déméter sur leurs Vélibs

Déshydratés grave comme deux cons

Qu'ils sont ils vont à Paris-Plage

En chemin s'arrêtent au BHV

Descendent au rayon bricolage

Chercher du lubrifiant

« C'est pour la chaîne. »

Bref Résumé

Rome espère en Pierre

Mais, sous la robe,

Des mères, des mères, des mères.

« On n'est pas à l'abri d'un succès. »

Solar coaching

Johnson Johnson n'y arrive plus.

(Il y aurait un goulet d'étranglement

Au niveau du paraître.)

Il a essayé le HTML 5 ?

Béchamail du bobo

Houellebecq au hublot

Darrieussecq au zoo.

J't'envoie un mèle,

Ma Chamelle !

Pense au lubrifiant.

Tête à l'est


C'est la fête des fesses.

Je mets ma veste

Et j'entre, leste,

Dans la grande forêt

Où attend mon abbesse

Au derrière parfait.


(À Raphaële)

Lapin laqué

« A-t-elle des pigments sous les bras ? »

Il pose des questions dans ce genre, tu vois !

Je vois je vois. Il aime le curry ?

Consultation

Le mire de Marie,

Sa barbarie

Au bain-marie,

Lui dit une plaidoirie

Rimée en Syrie.


Elle rit, ôte son sari

Et montre ses caries.


(À mon Médecin)

Rond-point

Explique-moi.

Je ne veux pas.

Ne m'explique pas.

Je lui explique.

Baise-moi.

Je la baise.

Sur le Râle majeur (Naissance du Vent)

Kagi se met à la chanson, il a bien le droit !


I.

Quand vint Harry sous le vent divin,

Encore vivant sur le divan à viande,

Arrivant, soulevé, virant

Et rivant son clou à Hilary

Pêchée sous Lee à la ligne

— Les harengs au thym

En soulier de Latin,

Les hautains merlans de Merlin

Et toute la clique du haut Malin,

En hommage au homard nain,

S'exposant au MoMa mammaire —

L'amer sommaire en pose lactée

Virée à vie d'avant l'arrivée

De Vincent aux cent vingt journées

Portes ouvertes d'Hilary

Au lit, hilare, épilée sans fil,

Dans un filet d'huile et gousse pilée,

Qui pince sa mousse de miel

Et le fiel du ciel qu'elle pousse

En douce comme un virelai

Jusqu'à l'œil de Lee,

Harry, fier, tousse sous l'aride Hilary,

Un bon tiers à la bière,

Et souligne du gilet le rai sans nerf

De la cuillère à lumière,

Rit en filets de mille remises en signes,

Marquis à devises et soumis aux plis

De sa sodomite en miettes

Qui sur lui mise ses billets verts.

Pas une ride dans la raie mineure

D'Hilary ne dévoie Harry

En quête du Râle majeur !

Hilary V. a viré Lee

Et gît sous les épis libres

À rebrousse-moelle du

Vit de Harry éventré,

Vissé aux larmes du glacier

Soulevant l'évent de l'avant

Dans la paume d'Adam

Délivré de sa côte mal amarrée.

Une Gifle

Ah mon vieux, la claque, mais alors la claque !

J'ai bu trente six chandelles et j'ai mordu les rideaux.

Mais pourquoi ? Comment ?

Je ne sais pas, mais alors la claque !

Magma spontané

Acclamations ! Stupéfaction ! Raréfaction !

C'est un moteur à trois temps,

Prenez-en votre parti.

(Quand il ronfle,

La terre s'ouvre.)

Feu de brousse

Un cul tout rond, un cul long en bouche,

Avec une attaque cuivrée, frémissante ;

La modulation arrive dans le développement,

Juste à temps pour le grand incendie.

Investissement Norwest

Un corps sain dans un esprit sain,

Pour vivre caché, vivons heureux.

(Faconde revisite le fatrimoine,

C'est plus fort qu'elle,

Il faut toujours qu'elle se resserve.)

Écrits du soir

Mon grand-oncle Jérôme était droitier.

Mon grand-père Jérôme était droitier.

Et Schubert, droitier ou gaucher ?


Kagi, ta soupe va refroidir !

On arrive !

Frottis de picolos, gifle de trompettes,

Coup de timbales sur la tête,

Pincement de bassons.

Viva España !

Le Tricorne

Delphine s'appelle Adolphe, maintenant.

Est-ce que Marinette le savait,

Quand elle a quitté Henri ?

La vie est bien compliquée,

Où ai-je mis mon tricorne ?

Scènes de la vie quotidienne

Quel calme au fond de l'océan !

Les grands poissons sont très lents ;

On a parfois peur

Qu'ils s'endorment en nageant

Et amerrissent dans le salon.

Allez !

Johnson Johnson soulève ses haltères,

Puis, tout sourire,

Il se jette par la fenêtre.

Le mardi, c'est toujours comme ça,

Il est pressé d'arriver en bas.

Émail et ivoire

De la dentelle, dit-elle !

Oui, peut-être, mais

Vous êtes en train de me mordre.

Sur le quai

À la vitre, elle agite le bras.

J'essaie de pleurer, ça me rend triste.

Allumons une cigarette et n'y pensons plus.

C'est la rentrée !

Elle me dit :

Inscrivez-vous !

Mais si je ne veux pas tomber amoureux ?

(Tous ces amoureux, par terre, ce n'est pas très propre.)

Taisez-vous !

On me dit souvent que mes polèmes n'en sont pas.

Quelle impudence !

Comment savent-ils ce qu'est la polésie ?

Marinette

Quand Marinette est partie, Henri a cessé de vivre.

On a raconté qu'elle était allée vivre avec Delphine,

Mais je crois qu'il s'agit d'une médisance.

Ma mère et ma sœur ont perdu une amie,

Moi j'ai regretté sa voiture.

Religieux

Duspasme engloutit sa cathédrale

Comme qui dirait sur le bout de la langue.

Goinfre !

Portrait

Elle fronce légèrement les yeux,

On se demande si c'est la même chose

Un peu plus bas.

Dimanche matin

Devant une tasse de café

L'heure se fait toute petite,

Elle ne bouge plus.

Rameau

Pourquoi Rameau ?

Parce que j'ai envie d'

Être seul avec vous.

« Tu m'aimes ? »

— Mais c'est le même !

— Pas du tout, c'est le miel.

Avec ces mails, on ne sait plus.

Commerce

— Je paie comptant.

— Vous paierez si on vous demande de payer.

— Vous êtes folle.

— Je suis contente.

Sèches

Les belles sœurs, suspendues par des pinces,

Comme des quintes parallèles

Sorties de nulle part.

Rose

Je peux ?

Le ciel est rose

Comme sa chatte

Quand elle ouvre les jambes.

Le Vent

Sous les jupes des femmes,

Tout est possible,

Même le vent.

(À B.)

Les fjords sur leur trente-et-un

Comme il est joli, le vieil hérisson glabre !

Tout droit sorti de son palais de glaces,

Il escalade les anchois et se laisse glisser

Jusqu'au delta caché qui

Baille comme un écrivain.

Après le col

À cette hauteur, Dvorak ne

Peut que se taire à nouveau.

C'est bien fâcheux, disait la Comtesse,

C'est bien fâcheux, plus qu'un peu,

Et même si sa robe s'ouvrait

Comme par miracle,

On devinait un grand désert.

En quinconce

Mais que X. paraisse et tout

Au-delà est abîmé

En quinconce, comme si

Le jour ne s'était jamais

Levé sur les rizières.

Il faudrait tout de même

En donner des preuves,

Qu'on puisse en paix

Boire à sa santé.

Vers la retraite

On aperçoit Duspasme dans le cortège,

Il joue de la guimbarde, il est en slip léopard.

Sur son dos, Kagi harangue les manifestantes.

Faconde joue de la trompette, les joues creuses,

Le ventre ballonné. Mendelssohn ne dit pas un mot.

Dur métier (faire)

Mais que vous soyez gay ou zoophile,

Votre actualité est d'une parfaite synchronicité

Abdelramane veut en finir avec son image,

Et sa gourmandise n'est en rien

Les parents se précipitent sur le petit

Corps, mais il est trop tard pour

Johnson Johnson aime les fraises au sucre,

Il ne se nourrit plus que de

Par quatre fois, il a tenté sa chance

Mais la polésie ne se laisse pas

Pinèdes

Les corps glorieux ne meurent pas.

Des îles Lofoten nous parviennent

Des octaves augmentées de miel.

Les étés des années soixante-dix,

L'odeur des pins et la

Couleur des genêts,

Tout conduit à la résurrection.

Gonflées

Toutes les figues

De mon jardin

Se mettent à me faire

De l'œil en même temps.

Gonflées, mûres et chaudes,

Elles sont irrésistibles.

Salope !

Kagi était jeune encore.

Il dormait en bas, là où

Les instruments se trouvaient.

Faconde, juste au-dessus,

Faisait l'amour en hurlant comme

Une bête : « Encore ! Encore ! »

Nue, elle descendait par l'échelle

Et passait juste à côté de K qui

Faisait semblant de dormir…

Elle allait pisser dans le jardin

Dans la nuit rauque et interdite.

Théâtre

Faconde parle encore :

« Il y avait de l'écho dans le morveux,

Il y avait un écran entre nous. »

Au-dessus de nos têtes, dans un filet,

Les couples qui font l'amour

Ressemblent à des provisions

Pour la semaine.

Albert voyage

Elle voulait faire l'amitié avec Kagi !

Duspasme prit le train à Garches

Et descendit en marche,

Juste avant les grands incendies.

Illusion

Bérangère le fauve

N'a pas d'ombre au creux

Du bras, malgré qu'on l'ait cru.

(Elle mange un yaourt

Au lait cru.)

Farine media

« Kagi raffole des châtaignes séchées. »

— Mais que voulez-vous que ça nous fasse ?

Les journalistes n'ont jamais

Rien compris à la politique.

Temps mort

« Seules les nuits que nous passons seuls

Nous apprennent ce qu'est l'amour. »

— Arrête, Johnson, on dirait du Cambier !

— File sous la douche, Elvira, j'ai du travail.

Seule

Faconde, sous la douche,

Pense à la nuit de Budapest.

Encore mouillée elle se couche

Dans la nuit palimpseste.

Ton volcan - Point d'orgue

Vagues, plus vagues moins vagues,

C'est toute une combinaison d'odeurs,

C'est le doigt levé vers l'Ut,

Et dans un grand crescendo

Une apocalypse de neige fondue.

(Et puis…)

Négocier

(La Russie ne peut pas mourir,

C'est comme moi, je ne peux pas.)

Même si Faconde sue abondamment,

Elle traverse le détroit avec adresse.


À deux cents roupies, on la devine radieuse.

La Femme

Des hanches de bouteille,

Un cul de lampe,

Un col fermé.


Elle avait tout prévu.

À Venise

Se lever tard et plus d'aventures.


Comment ne pas ouvrir les yeux,

Toujours trop tard,

Tout près du mur ?

Au clou

Fondre les définitions, pendre les paroles,

Employant le même sang à les arrondir,

Les laisser dire même et surtout

Jusqu'à l'exaltation du désir.

Vivre dans la familiarité du plaisir

Comme si perdre la vue menait

À l'aube de l'intelligence.

Elle et Lui

Parler en silence :

Les protéger du monde,

Leur parler doucement,

Déplacer le parasol,

Et sentir qu'ils sont bien là.


(à mes parents)

Le Voyage

« À ta place, Dieu. »

Sous les tunnels, nous nous taisions,

Ça sentait la pomme et le savon.

Et le rythme, comme Sa Parole

Enroulée aux essieux…

Traitement pour le Roi

Qui parle ?

Qui est-ce ?

Quiproquo.

Hymnes

« Je te le répète. »

— Tu me l'as déjà dit !

— Je sais bien, avec toi

Il faut tout dire cinq fois.

(Dans le puits de ses oreilles,

Mes cendres dispersées

Comme au hasard)

Dans le corridor

Je montre mon couteau pour l'effrayer

(J'en profite pour créer une chaire d'éthique) :

Faconde Norwest ouvre la bouche

Et j'appuie sur le bouton.

(Clic !)

Ah, si j'avais su, dira-t-elle trente ans plus tard,

Au micro tendu par sa descendance.

Les plis légers

Sa voix, sa voix comme une cire chaude,

Table ouverte, elle coule

Mes cartes dépliées, nous

Étudions la bataille à venir

Pssst ! Par là, Signorina…

Elle me bande les yeux :

Ah ah ah, je ris et je bande.

Pssst ! Le chapeau et les perroquets

Du Maître sous sa robe d'été.

Froissements d'ailes…

Catalogue

Mille et trois en Espagne,

Mais j'ai oublié mon passeport

Sur la commode.

Johnson Johnson appelle le garçon d'étage

Et lui lit Justine,

La télé diffuse la messe.

Pendant ce temps, elle joue au tennis,

Comme si de rien n'était.

(Sous les masques, la sueur)

Charlie

Zig-zag de l'Oiseau pressé :

Il courbe le fer, il déroute l'amer,

Il perfore le plomb

D'un geste acide et fier.

À la mer

Sans sel depuis le haut des cuisses

Nous partons en voyage.

Les vagues sont hautes

Comme de vieux mages.

À babord ça glisse,

À tribord ça saute.

Grand soleil

Jusqu'aux orteils.

Fin de l'être

« Sois efficace ! dit la guêpe. »

« Sois perspicace ! dit la tortue. »

Mais le temps courbe ses ongles

Pour me les planter dans l'os.

(Agir n'est pas une sinécure)

Attaques

Mon quatuor est tout de quoi,

Mon sextuor est tout de sexe,

Mon duo est assez dodu,

Mon quintette est tout en tête,

Et presque en ut.

Sur mes archets la vie est tendue

À rompre.

Dans les marais

« Glouck ! » « Glouck ! » « Glouck ! »

Ça fait glouck à chaque fois qu'ils tirent dans l'eau.

Faconde respire fort, je vois sa poitrine monter et descendre.

On a très peur (elle est bronzée de partout) mais ce que c'est bon !

Menuet

De l'autre côté, ah, de l'autre côté !

Ah ça oui ! Toujours par delà, toujours

Ceux qui dansent le menuet

Savent de quoi je parle.

(Je me comprends)

Les miroirs (ailleurs)

Quelle foire mes amis,

La glace est noire de monde !

Jean Santin et sa femme,

Bras-dessus bras-dessous,

Ne voient personne,

Et vivent (l'instant) comme si.


Ils ne font pas de bruit,

Passent et trépassent.

Conséquences

Titus et Uranus battent des ailes

Comme deux abeilles

Au bord du Gange.

Ça sent fort !

(Et encore, Hactor est couché !)


Longtemps ?

Pont

Saccage et Simon à la nage

Rendus avant l'heure

Sur le petit pont

Comme tous les soirs.


Une poire et des raisins,

Quels intestins

Au réfectoire !

(Mais trop de beurre…)

Duo

Où habites-tu, fillette ?

Elle ne répond pas.

Qu'attend-elle pour perdre

Son anneau ?

(Les amateurs surprennent toujours.)

Buissons

Et c'est lent, mais

Pas de vent.

Sous les buissons

On voit sa culotte,

En rond et les bottes.

(C'est fait)

À Uchaux

À Uchaux, là-bas.

Derrière les pianos

Les fourneaux froids.

À table la Comtesse

Assise sur ses fesses.

(On y pense…)

Dire

Cire coule

Coule, coule et coule.

Cire et récit sans écrire

Ça.

Ça roule et c'est pire

De le dire.

Impassibles et assises

À l'octave

Sous le ciel déjà

En trait-d'union

Elles donnent aux trombones

Par-delà le jambage

Tout coton entre

Des airs sentencieux

Les arrêts Da Capo

Quand Anselme crie

Au jardin la laine

Bien trop tard !

Roue libre

Cacophonie et Faconde sur leurs vélos

Se fendent l'abricot tellement

Elles rient.

En roue libre comme des hirsutes

Elles avalent tout se qui se présente.


Un notaire les regarde passer

Et les salue du gland.

Au point où nous en sommes

Au festival, les mouches

Sur la touche à la corde.

Pendant la durée,

Il faut marier les grandes orgues.

Précautions

Docteur Simon parle en mon nom :

Que celui qui se cache se lève

De sa couche pour se moucher

Prudemment.

Lourdes vapeurs

Si, dans la nef, un nerf solitaire

Brame comme un cerf,

Si, dans la serre, Mathilde

Rêve d'un Tristan ordinaire, et si

L'ange s'arrête, aux premiers chagrins,

Je vous conseille de mettre la clime.

Tlangage

Chaudeflûte est en train de crever son plafond.

La toison bleue déplissée par le vent,

Il ne sait plus comment s'arrêter,

Les jambes en éventail

Et le cadavre à la poupe.

— Hûûûûûûûûûûûh !

Carlitos

Carlitos est bien peigné.

Il met sa casquette, et

Joue Chopin comme un pompier

Qui rallume les incendies.

(à mon Maître, Carlos Roque-Alsina)

Les roses d'Albeniz

El Albaicin, El Polo, Lavapiés.

Onze doigts autour du pot,

Dans la confiture d'ivoire.

Ces Espagnols me rendront fou !

Résistance

Le scandale du parapluie, vous vous rendez compte ?

Le scandale du microscope !

Le scandale du bikini !

Chaque jour se révolter,

L'injustice va sans cache-sexe.

Et jouer du piano, par-dessus le marché ?

Gamme par tons

« Au fond ce qu'il faudrait c'est

Passer l'éponge sur tous ces nuages. »

A Almeria, dans le grand lit,

Elle a sorti le grand jeu.

Trop tard

Cristaux, rayures, paravents.

Tout un assortiment,

Quand est venu l'aube.

— Pauvre de lui, trop tard !

Désaltérer

Les petites suites en bémol,

Sans amour vous ne pourriez pas

Désaltérer, secouer, faire escale.

— À la tête, tout de suite !

Fidel à la pompe Castrol

Hi, Kagi !

Toujours fidèle au poste,

Quand je remplis le ré

Servoir de mon auto,

Je le vois, le gros

Barbu et son cigare.

Qu'il n'approche pas ou

Je ne réponds de rien.

Vrai : dans ces moments-là,

Il faut se concentrer !

Aïe ! Pan ! Pan !

Sixte napolitaine

À la radio toute, une poignée d'idiots

Je lâche, les cigales sur le populo

C'est dramatique, comme de l'art.

Au cadran : sixte napolitaine.

Sauf le bouton !

Sauf le bouton, lui dit Faconde !

Tonton Albert a encore déconné,

Il a des poils qui lui poussent sur le nez.

Et voilà ! Elle est furibonde…

Passacaille (2)

J'ai vu passer la cavalière

Couchée sur le flanc

Et j'en suis tombé amoureux

Comme un beau caprice

Elle tire la langue

Couché sur le flanc

J'ai vu passer la cavalière

Comme un beau caprice

Quartet in my pocket

Tony a mis le paquet,

Miles a soufflé dans le tas,

Ron a tiré la corde,

Kagi tient la porte.

(Ça finit toujours comme ça.)

Dispute

Elle et lui semblent ne pas se voir.

Pourtant on les entend se battre.

Ça fucking crépite de la barbe…

La Chambre

Il est dans un cercle.

Philosophe-araignée, quand

Il agite ses pattes,

La toile tremble.

Quelqu'un

Elle est dans un carré.

Sur la boîte, il est écrit :

« N'entrez pas,

Quelqu'un veut sortir. »

Halte au feu !

Chenderlin sur le tard,

Comme un vieux lupanar

En train de composer,

Il fallait oser !

La farce du destin

— T'as un clope, Bazajet ?

— Et comment se porte Madame votre mère ?

— La-si-do-mi, la-si-do-mi, la-si-do-mi, fa fa mi.

Événements

Elle se lèche la queue

Et les cigales arrivent en Normandie.

Bien la peine de partir en vacances !

Passage

Une à une

Elles passent et repassent

Devant le parc aux mensonges.

Trois lunes se voilent,

Deux soleils pleurent.

Rien n'y fait.

Morsure

Se mordre la queue,

Quand on y pense !

(Après les heures viennent les danses.)

Dans le Gard, c'est la bagarre

On lit un polar.

Il se fait tard, et

Voilà qu'ils roulent plein phares !

Edgar en a plein le dard,

C'est moi qui vous le dis !

Clifford

Clifford marche, il porte un grand chapeau.

Entre les quatre murs blancs,

Je me remémore l'odeur de sa pipe.

(Mais allez-vous vous taire ?)

C'est l'été

Caducé et sécateur, nonobstant,

En plein soleil.

Les garces n'en font qu'à leurs têtes !

Le cuir ferme les yeux

Sur leur aventure.

(Il faut bien que l'heure passe !)

Élise et Irène

Élise et Irène ne s'écrivent jamais,

Ne se téléphonent pas,

Ne se connaissent pas,

Ne se sont même jamais rencontrées.

(Les voyageurs sont bien arrivés,

Il fait déjà chaud.)

Source

Aldo Ciccolini joue Evocation.

Dans les bosquets du plaisir,

On entend la source

De tout amour.


— Sans paroles, vers l'orage.

Géométrie

Pourquoi évitez-vous la symétrie, Kagi ?

— Parce que nous aimons les anges.

— Parce que la musique.

Tu parles

Personne ne comprend,

C'est une évidence.

Je ne comprends pas l'évidence.

Sur la table, et même à côté,

Quelques mots, en trop déjà,

Pour parler de l'évidence.

L'évidence ne comprend personne.

(Je me comprends.)

Carton

Duspasme Albert, peintre de vulves.

Brantôme Mélanie, poétesse illettrée.

Bin Loden Vianney, recruteur.

Beulemans Nadine, décroisée urbaine.


Ont l'honneur, etc.

Raser

Pour un rasage précis et doux

Préférez Kagi et Kagi :

L'apolésie qui rase de près,

Sans arracher l'anneau.

Le Grand Matin

Elle était du genre bien en chair ;

Elle aimait le melon et les fraises.

Le bateau n'attend pas

Quand la nuit se retire.

Canotage

J'ai loué une barque.

Elle rame, je rame, nous ramons.

« Pourquoi ne me regardez-vous pas ?

— Parce que vous me regardez trop. »

Rêves

Je dors sans dormir

Je pars sans partir

Je souffle sans respirer.

— Quels rêves que les miens !

Typhon

Ma collection de pièces.

Je ne joue dans aucune d'elles

Mais je brûle tout de même.

Heures

Un joli petit paradis,

Sans culotte ni répit,

Et le soir qui ne vient pas tout à fait.

Durée

Encore un jour

Et la plaque de marbre

Va se détacher.

Déclaration

Quand Johnson Johnson me regarde,

Ma colonne de droite est torve.

(Je leur avais bien dit, aux impôts !

Je veux bien payer, mais à condition

Que les petits artichauts soient cuits.)

Le pont du Gard

Aristote, enjoué, tirant sur sa pipe :

« Tout à l'heure, j'ai aperçu Faconde sur le pont du Gard ! »

Socrate, piquant une frite :

« Toute nue, sautant sur un matelas rayé ?

— Je ne sais pas, il y avait un gros nuage. »

Traces

Tu dis cela d'une voix qui vient du bout du monde et

L'écrire est comme jeter des insectes sur la page.

Littérature

Quand je pense à la Duras, j'ai de l'eczéma.

Mais il suffit que Lola écarte les jambes

Pour que le soleil revienne.

La Goutte qui fait déborder le naze d'Or

Soliman, il est bientôt six heures,

Tu nous sors le sauciflard ?

(Pas de fumée sans œufs, dit le commissaire !)

Pendant que Sarah varie,

Moisie comme France,

Et l'Autre, en transe dans sa poussette,

Qui baille aux burquas,

Les Gaulois font des bulles

Et désormais dînent avec les gazelles,

Celles qui chient aux champs.

(Pas de fumée sans jeux, dit le casoar !)

Liquidez tout et amenez-moi cet individu.

Oui, le Vice-Consul ! à la Goutte d'Or !

Or, le piment était passé ;

Passé comme une huître belge,

Gros bourgeon sale et morveux.

À la Goutte d'Or, ça plaisante pas

Avec les passants.

(Pas de fumée sans eux, dit l'associatif !)

Mais Anne-Marie et Lola-Valérie baissent les yeux,

Ça leur évite de voir les heures sombres

Et les testicules du préfet.

(Pas de fumée sans nœuds, dit le prompteur !)

Entre

Zwischen !, et nous étions très attentifs.

Comment oublier cette préposition,

Postée à l'aube comme une annonciation,

Entre les deux seins lourds de Mademoiselle,

Séparant, calme, le ciel de la mère ?

Depuis, j'aime les raies et la musique,

Les frontières, les vallées, les ruisseaux,

Les plis, l'attente et les formes,

Et le contrepoint.

Le Point

« C'est tout un point. »

« Sur le museau, un trousseau de clefs. »

« Sérieusement, j'en doute. »

« Estimation gratuite, engelures garanties. »

« À l'étroit, quand la vie afflue. »

« Un désordre de pute. »

« La massification du cœur. »

« Deux gélules dans un grand verre d'eau tiède. »


Ce matin, Kagi range quelques phrases. Il fait le point, il les mesure, il les pèse, il les renifle, puis il les met dans des petits sacs en plastique. Ensuite viendra la ponctuation. (Ne pas oublier les prépositions.)

à B.

Dans de beaux bras

« Ils sont plus longs que mes bras,

Ils sont plus longs que moi ! »

Pourquoi ne voudrait-elle pas

Savoir la couleur de mes draps ?

Justesse injuste

Justine était gracile dans les glaçons,

Ça ne pardonnait pas !

Justin était pubère et pudibond,

Juste ce qu'il fallait !

Sans espoir, ils eurent pourtant

De très nombreux enfants,

Des ces enfants qui sont

Comme des vieillards en transe,

Pétrifiés d'enfance

Et glacés d'argile lourde.

Johnson Johnson dit alors :

Voilà la France !

Juste la France !

@ +

Dans son immense bonté

Et dans le creux de la voix,

Comme un cygne fatigué

Qui a trop entendu les humains

Se plaindre de leurs lois,

Il fait un geste de la main

Qui signifie qu'il s'en va.

Avant l'été

« Ne me touchez pas ! Ne me touchez pas ! »

Kagi Ku, lorsqu'il va à la ville, essaie la formule

Sur les passantes jolies qu'il croise.

Le résultat n'est pas à la hauteur de ses espérances,

Mais l'été n'est pas encore tout à fait là !

Les dimanches de M. Croche

Devant l'écran, une odeur de fraises et d'essence

Timide dans les percussions

Facile dans les pardons

Giclures d'absence

En rythmes impairs

Constat à l'amiable

J'arrive en bas de chez elle et je dépose mon cierge.

Mon caramel en poche, elle se tire la mangue :

Cette idiote a ses loches sur ma langue

Et ses nougats sont étalés sur la serge.

Un chapeau mou, mou comme le démon,

Une libellule fraîche, fraîche comme un hélicon,

Tout ce foutoir comme un mauvais sermon.

Qu'est-ce qu'on peut faire ?

Fins

La clarinette, dans son lit de cordes.

Tante Antoinette s'assoupit dans le fauteuil.

Le soir vient, ça sent la soupe au jambon.

J'ai mal à la tête. Il faut finir ce qui est commencé.

Les désarrois du pêcheur de moules

Sentimentalement, il est bas.

Intellectuellement, il est las.

Spirituellement, il est ça.

Pas à pas, il s'en va.

Là, et encore là.

On the road

Elle passe sa langue sur ses doigts.

(À côté du port, nous nous arrêtons.)

— Tire les rideaux, voyons, et lâche le frein à main !

Action

Caprice mineur : c'est le citron.

Caprice majeur : c'est le bonbon.

Modulation : les abricots sont chers, cette année !

Quadrature étrécie

Françon Mattois nous envoie des messages.

Françon Mattois croit que nous existons.

Françon Mattois veut dialoguer.

Françon Mattois n'existe pas.

Dialogues désincarnés

À quelqu'un qui lui demandait le prix du plaisir,

Faconde répondit qu'elle ne lui faisait aucun crédit.

— Mais ce n'est pas ce que je vous demande !

— Mais moi c'est ce que je lui réponds.

Perdre le nord n'est pas son fort, à la Faconde.

Flutter

Sur les sept heures quart, Johnson Johnson

Met ses baskets et va faire son floutting.

Autour de la maison, il flutte

À pieds disjoints, en mode lydien.

Sur son arbre perchée,

Faconde le regarde et se moque.

Mais la pauvrette ne sait pas tout…

Se vuol ballare

Trotsky est devant, son chapeau à la main.

Malembert appuie sur le champignon,

On s'enrhume sous le ciel bas.


— Avanti la machina ! c'est moi qui régale !

Vigie

Corset moucheté, pilule dorée,

Le feuillet se dissout à l'aube.

À babord, Johnson louche un bon coup.

— C'est fou ce que ça fait du bien,

Dit le matelot dégrisé

Par tout ce sel.

J'aurais pu l'écrire

Elle penche la tête.

Elle s'assied sur moi.

Elle me plonge en elle d'un coup.

Je jouis.

(à PQ)

Voir

Ce sont trois petits avions

Dans le ciel bleu, immense.

Léon dit : « Ce sont trois petits avions. »

On les voit.

(à Léon Z)

Ne pas finir

Contre cette nuit si personnelle

Elle en veut au trépas.

À mon avis un sacré compas

Sur la feuille plissée de ses ailes !

Déjà, on respire dans

Le bruit du rêve (après Satan)

Faconde, je surprends la nuit de ta trouée ;

Tes seins sont nus, ta face est de lueur baignée ;

À quoi rêves-tu seule dans ton noir grenier ?

Faconde répondit : — Je serai l'attouchée

Et j'ai la hanche au loin dans la blonde où nous sommes.

— Qu'est-ce donc que tu fais ? — Une bouche pour l'homme.


(à Hugo Victor, le fils à Marcel Victor.)

H, comme huit

(Cachés, à l'hôpital,

Dans la chambre de garde.)

Sur la couche, Homère coache

Son Hactor en plainte totale.

À huit et demi sur la hache

On dirait que ça barde.

L'image

Rien que lui avec les morts,

Rien que lui parmi les ombres,

Sans arrêt devant le lac,

Il peut deviner les voix,

Brouillées et éternelles,

Qui, sans un bruit,

Dévorent le temps.

N, Nefertiti

Son nez, son pied, son œil…

Quatorze jours après la lune

Sous mon regard en deuil

La reine s'enfuit dans les dunes.

À sa noble croupe attaché,

Je ne suis qu'une aile coupée

Dans le long rêve inhabité.

G, septième scène

Pilus et Capillus en viennent aux moins.

Faconde Norwest, souvent à pied,

N'en revient pas toujours intacte.

Sous son bonnet G,

Elle se gratte le col,

En mode phrygien.

(Kagi s'en lave les mains.

La seule chose qui l'intéresse

C'est de voir la scène capitale.)

Au four

Elle commande aux deux brioches :

« Enfarinez-vous, nous n'avons que peu de temps ! »

Mais les belles écouteuses ont d'autres projets.

Le ciel est toujours cerné de feinte,

Quand la nuit a été fine dans le moulin.

Tennis

Les balles dans la culotte,

Un mètre quatre-vingt huit

Plus loin, la Russe

S'adresse à ses orteils.

— Quelles couleurs dans le sommeil !

F, sixième lettre en fantaisie érotique

(FFFF. Pas de faux pas.

Trépigner sur la fesse, oui, mais

Alors du premier coup !

Car la fin est proche.)

Si Pan ment

Dans la pente, fortissimo,

Et que Dante est hanté

Par la glose de la Chose,

Alors l'Infante se défend mal, très lente.

(Pas de désir qui ne soit le pire :

Six ifs feulent et frottent leurs feuilles

Aux phares vides et fendus.)

Sur le seuil, Kagi s'interloque en extase :

Foutre ! Si seulement et si le repos…

« Nous ne sommes pas en phase »,

Dit alors le fou en fa dièse flou,

Mais seulement pour faire une phrase

En guise de sonatine.

« Casse-cou, casse-cou ! »

Faconde abonde en aparté,

Mais, toujours aussi pileuse en fa,

Elle reste sur la corde, sous le pli

De la sage didascalie

À la menthe.

On la trépane donc

Très sucré.

Sans émotion apparente, elle tapote le 24e concerto.

« C'est pour la mémoire. »

(Huile douce et nectar sec dans la fente)

— Modulez ! Mais modulez donc !

(On voudrait l'y voir…)

Sur ce, Clara reprise ses écrans :

Tout nous tente,

Depuis la fiente jusqu'au talon.

Il s'agit de ne pas s'endormir.

L'effraie marche, là-haut,

Et le miel coule à flot,

Nous bouche les yeux

Et nous étouffe de son sirop

En climax tremolo calme.

E, cinquième lettre

« Don't ever leave me. »

Èva ne se cache même plus pour lire…

Charlie lui dit à l'oreille, E,

Des choses mêmes pires.

Il hésite, puis se jette à l'eau

Et lui déchire son chapeau.

(Tellement nuE

Qu'on ne sait plus.)

D, Soutien de famille

Soutiens de famille et jumeaux,

Ils portent des bonnets

Plus profonds que l'abyme.

Au chaud dans ces cornets,

Deux sages devant leurs trumeaux

M'essayent à la rime.

C, troisième lettre

Soudain, plötzlich, tout à cul,

Cathy cesse immédiatement

De jouer des castagnettes

Et rentre au château,

Son cratère encore fumant.

(On en reste là, la course ou la vie.)

Sur la commode,

Une lettre non ouverte.

(Les quatre cors sonnent,

Le grand-père pourrait se fâcher.)

— Mais l'oiseau…

B, deuxième lettre

À babord, on peut aber

Cevoir la baie des Bochons.

Barcel Broust est un écri

Vain français dont seuls les Ka

Gi ont entendu barler.

Gilles Beleuze et son a

Bébébaire eurent un grand

Subcès lorsque j'étais jeune.

Brigitte Bardot aussi !

A, première lettre

Elle allait, disant alentour :

« Je porterai des bonnets A. »

On ne réfléchit pas,

On lui coupa la tête.

Dans le vent

Les grands naseaux et la main des femmes…

Les hommes furieux et les horizons qui leurrent…

Quelle salade !

(Kagi se balade sur la falaise,

Il ne comprend pas ce que le vent lui dit.

Il neige au mois de mai…)


— Rentrons !

La Loi

Mois de mai, joli mois de mai,

Pourquoi reviens-tu chaque année,

Comme si de rien n'était ?

Pourquoi cette cruauté,

Pourquoi pourquoi pourquoi toi ?

Mais toi, mais moi, mille et une fois,

Je compte sur mes doigts,

Sans le secours du pourquoi,

Sans le recours de la joie.

Sauf le vent

Au marché, Faconde achète trois concombres et onze asperges.

Elle chante à tue-tête, en reprise comme en charme.

Personne ne sait à quoi s'en tenir,

Sauf le vent.

Prise par le silence, elle agite ses grands bras

Et tombe dans les fougères.

Divertissement

Pour me divertir,

Sur la table, je dispose le sel et le poivre,

Et sur ses pieds je verse le vin.

Elle glousse.

Il faut maintenant remuer la mousse !

Les seins en conclave

En cercle, ils sont assis.

Sous les voûtes, on entend rire Despina.

En entrant, Kagi enlève son aréole…

Plusieurs fois qu'on lui dit !

Au beurre et à voile

Elisabeth !

En Mésopotamie, on mange des os à poil.

L'homéopathie est un remède à moelle.

Si ça continue, je mets les toiles.

I m'parle rien qu'en Joual.

Elisabeth !

Ecrit

De l'arrachement, est-il écrit

Sur la culotte de peau de Kagi.

Comment savoir si le pli est pris ?

Ouverture

— Maman, j'ai mal à la vulve.

— Tais-toi et mange ta soupe.

Carina aime les épinards ;

Elle a de grands pieds

Qui sentent très bon.

Aussi.

À l'écart

— Comment ça que ça ?

Rien n'est jamais sûr,

Il faut cueillir les poires

Avant que l'ombre pèse

Dans le lit noir.


Que ça.

Au travail !

L'apolésie se fait au lit,

Comme la Mour.

C'est l'apolète qui l'a dit.

— Kagi met ses plus beaux atours

Et sort prudemment de son nid.

Logos

— Quelle longueur ?

— Que ça tienne dans la main.

— Le vent se lève.

Bourses

Kagi, assis sur une marche,

Rédige un hymne.

Les fruits trempent dans le sirop ;

Il en faut plus pour s'attacher.

Faconde Norwest ne parle qu'en ce dialecte

Que seuls les guerriers comprennent.

— Alors toutes les perpendiculaires se couchent.

Entrée

« Écartée large »

C'est écrit au-dessus de la porte.

(Kagi n'entre pas, il écoute :

Un train entre en gare.)

La Porte de Kiev

Alfred, tu n'entends pas sonner à la portée ?

C'est le troupieau des salopiauds

Qui vient pour juger de tes forte.

Donne leur une mauvaise raison de repartir.


— Je vais leur jouer la porte de Kiev.


Mai

Matin de mai,

L'aube accuse.

Ce sont les yeux de la fiancée

Qui ferment mes paupières.

Jusque

Jusqu'ici, sa voix comme un souffle,

Son cœur défaille.

Je reposerai sur ton corps,

Jusqu'en enfer.

La fleur de ses yeux

La porte s'ouvre sous les branches.

Elle m'attrape par les hanches.

La nuit revient de loin.

Point virgule

Espace, point, virgule.

Il s'agit d'un jeu,

Sans gain, sans morale, sans joueurs.

Kagi s'y adonne sans réserve

Quand la fièvre le prend.

A night in Tunisia

A night in Tunisia,

Ce fut la razzia.

Kagi s'en est tiré de justesse.

(Encore une histoire de fesses.)

Aïe !

Aïe !

Kagi en Siegfried

Kagi marche

Dans le désert.

Il cherche

Son cimeterre.

Son grand cimeterre sous la dune.

Un moment

On aime bien, chez nous,

Les moments à genoux.

On crie au loup,

Alors, c'est tout.

Trop

Trop c'est trop.

(Sans parler du trop-plein.)

Moi je vais vous dire :

J'en ai plein le dos du trop.

Ça suffit.

Il faut être sérieux.

Ça suffit.

Nombre du soir, sombre du noir.

Macha m'a chapitré.

Chapitré, j'ai dit pas châtré.

Le chaman n'en peut mais

Mais dit que sa chatte est

Perpendiculaire à l'horizon.

Quel con ce Sacha !

Il va encore m'attirer des horions.

Comment je n'écris pas de poésie

La polésie, l'apolésie, et leurs dérivés,

Sont des notions dérivées.

Il fallait y penser.


La Poplésie, en revanche,

C'est une autre paire de manches,

Il faut bien l'avouer.


Franchement.