Recette

Fendre l'aubergine, mettre une rondelle…

Oh ! Kagi, où vas-tu, comme ça ?

Moi ? mais je vais tirer le vin de joie.

Repassage (2)

Vapeur, calme, chuintements doux.

Pschhh pschhh schhh…

Luna dort et approuve.

Joachim Malats (1872-1912)




Repassage

Trois chemises, deux pantalons.

Dix serviettes de table, six serviettes de toilette.

Neuf T-shirts, sept slips.

Trois enveloppes de traversin, cinq taies d'oreiller.

Huit torchons, un drap, deux mouchoirs.


Ça ira pour aujourd'hui.

Castor Johnson

Castor Johnson est à Johnson

Ce que Sartre est à la musique dodécaphonique.

Il va de soi que je simplifie

Pour les besoins de la démonstration.

Do-si-do-fa-mi-do.

Dans les bois

Fred vise,

L'enfant l'exaspère, 

Alors tire, sans.

L'enfant touché.

Fred voulait mourir.

Pauvre, vivre…

Mirages

Au ciel, tout le jour, ces oiseaux hurlants,

Rayant l'azur comme papier musique.

À la jumelle, je ne peux les suivre,

Homme invisible sous leur nez de cuivre.

J'attends leurs virages mélancoliques

Et je ne suis plus qu'un petit enfant.

Tout à coup, en 12 CH

Arnica Montana et Mercurius Solubilis 

Marchaient ensemble, main dans la main.

Aconit, haut dans la colline, les regardait venir.

Ruta Gravolens ne dormait que d'un œil,

Tandis que Phytolacca Decandra terminait ses ablutions.

Nux Vomica, lui, restait à l'écart, silencieux, morose.

Tous sentaient qu'il allait se passer quelque chose.

C'est ce moment que choisit Ipeca pour lâcher :

« Korsakov a le bourdon, ça ne m'étonnerait pas qu'il pleuve. »

Comment taire (1492)

Comment comment ? Comment pourquoi ?

Ha ha ha, il se moque ! Ha ha ha, il se com' !

« Taire ! Taire ! Taire ! »

Hé, Kagi, tu peux descendre, Véra s'est barrée !

« Taire ! Taire ! Taire ! »

Oh, laisse-le, à force il a la vigie raidie.

Si j'avais voulu

Ta ga da, ta ga da, ta ga da.

Je suis à Séville. 

Ta ga da, ta ga da, ta ga da.

Je joue de la guitare. 

Ta ga da, ta ga da, ta ga da.

À Séville, je joue Sevilla.

Ta ga da, ta ga da, ta ga da.

Sevilla, d'Albeniz.

Ta ga da, ta ga da, ta ga da.

Mais j'aurais pu le jouer au piano.

Oh oh oh, oh oh oh, oh oh oh !

La semaine prochaine, j'irai à Nice.

Ho hisse, ho hisse, ho hisse.

Et je logerai au Ritz.

Ta ga da, ta ga da, ta ga da.

Hue, Véra, hue ! Avanti la machina !

Véra, kantique

« Véra, Véra, Véra.

Cervelas, pasta, nada.

Couchée, Véra, couchée ! »

Chaque soir, Kagi doit réciter cette prière, avant…

Avant Fluocaril, bain de pieds, confiture.


      On lui avait promis une grande efficacité.

Automne

Ce soir, j'ai l'air mauvais.

Enflé d'une courtisane au miel,

Je sors mes pinceaux au curcuma. 


Albert, comme toujours dans ces moments-là,

Albert éternue en psaumes

Sur sa robe safran.

Elle : « Mais, Albert, pourquoi ? »

Albert : « Écoute ! Écoute écoute ! »

Sur ce, le poète exhibe ses doigts de pied,

Comme un chant de tribu 

Antique rubis sur l'ongle.

Elle fait celle qui s'y entend,

Se penche en avant, pauvre momie averse,

Son sein droit coule au dehors,

S'étale, se liquéfie, quitte son corps…

Et tous les trois nous nous noyons,

Sans avoir pu finir la partie.


En septembre, il vaut mieux

Jouer au bilboquet que

Faire de la sonate.

Gris

Fleur du soir,

Ce ciel gris

Et ce tendre sommeil,

Vous êtes révolus.